Liste des conférenciers
Liste des conférenciers
- Houriya Abdelouahed (Paris)
- Anne Béraud (Montréal)
- Françoise Bessis (Paris)
- Gilles Bibeau (Montréal)
- Edward Bizub (Genève)
- Martin Boisseau (Montréal)
- Danielle Boutet (Rimouski)
- Aude Couturier (Lille)
- Pascale Devette (Ottawa)
- Ghislain Devroede (Sherbrooke)
- Jacques Dufresne (Sherbrooke)
- Jean-Marc Duru (Montréal)
- R. Bruce Elder (Toronto)
- Marie-Michèle Jaouich (Montréal)
- Karim Jbeili (Montréal)
- Wadad Kochen Zebib (Paris)
- Louise Lambrichs (Paris)
- René Lew (Paris)
- René Naba (Paris)
- Basarab Nicolescu (Paris, Roumanie)
- Annick Passelande (Montréal)
- Michel Peterson (Montréal)
- Christian Roy (Montréal)
- Marc Ruellan (Paris)
- Alain Simon (Paris)
- Alain Vidal (Montpellier)
- Pascale Vidal (Montpellier)
- Jean-Michel Wissmer (Genève)
Conférenciers Titres Résumés Biographies sommaires
Houriya Abdelouahed (Paris)
Anne Béraud (Montréal)
Dans le cas d’une névrose obsessionnelle, l’hypocondrie est le symptôme majeure. Les malaises du corps angoissent le sujet qui, pour se sentir vivant doit en passer par la vérification auprès du corps médical qu’il n’est pas malade.
Je tente de faire saisir avec un exemple surgit de la cure, comment, au-delà du déchiffrage du symptôme, il s’agit de débusquer la jouissance incluse dans le symptôme, et ainsi, de séparer l’usage de jouissance condensé dans son symptôme.
Elle intervient dans de nombreux congrès internationaux depuis 2004.
Elle a publié plusieurs articles depuis 1998, parmi lesquels :
« Monique Seguin, experte en suicides », in Le Nouvel Âne, Numéro 10, Février 2010, Paris.
« Du corps-machine à l’analyste-machine », in Mental, Numéro 23, Décembre 2009, France.
« Objet a, jouissance et désir », in la Cause freudienne, Numéro 69, Septembre 2008, Paris.
« Évaluation au Québec et réglementation des psy », in Ruissellement, Numéro 2, Octobre 2006, Montréal.
« À quoi sert une phobie ? », in La petite Girafe, Numéro 21, Juin 2005, Paris.
« Ritalin et suicide au Québec », in Mental, Numéro 14, Septembre 2004, France.
« La féminité : une expérience de solitude », in Ruissellement, Numéro 0, Février 2001, Montréal.
Françoise Bessis (Paris)
A propos d’une cure entreprise à l’occasion du cancer, sera abordé le rôle crucial de l’autre, tant dans la construction du lien psyche-soma matrice du sujet, que dans ses effets traumatiques mortifères.
Il y a 12 ans, création du centre d’accueil thérapeutique P. Cazenave destiné aux malades atteints de cancer et à leurs proches, dans le cadre de l’association “Psychisme et cancer”.
Sur le thème cancer, trauma, psychanalyse, publications, dans la Revue française de Psychosomatique, dans la revue de psychiatrie Nervure, dans la revue Le Coq Héron, dans le Livre de Pierre écrit par L. L. Lambrichs aux éditions du Seuil, etc…
Gilles Bibeau (Montréal)
Yvan Illich a écrit, avec à-propos, que le concept de vie est le dernier bastion de l’humanisme scientifique moderne. Si la vie est banalisée, réduite à une simple théorie du gène et appropriée par la bioindustrie, alors tout un système de philosophie et de culture bascule dans l’obscénité et le vide. Si nous ne revenons pas à l’idée que nous sommes à la fois des êtres de parole et des fabricateurs d’outils, l’humanité pourrait ne pas avoir une très belle fin. L’évolution n’est rien d’autre qu’un cimetière d’espèces qui sont disparues soit à la suite d’une catastrophe cosmique ou, plus souvent, à travers la guerre entre les espèces. Nous serions ainsi la première espèce à s’être auto-détruite. L’humanisme à inventer devra être un humanisme qui réinscrit l’humanité dans la longue histoire évolutive des vivants qu’elle achève en quelque sorte.
Edward Bizub (Genève)
C’est grâce à sa psychothérapie suivie en 1905-1906 avec le docteur Paul Sollier à Boulogne-sur-Seine que Proust a compris l’importance du corps pour la découverte de l’«autre moi» qui, dans son roman, sera révélé comme le moi-artiste. Cette cure a été fondée sur les acquis de la psychologie expérimentale de l’époque, enrichis par les commentaires de philosophes tels que Taine et Ribot. Parmi les concepts fréquemment évoqués alors se trouve celui de la cénesthésie qui relie l’inconscient au domaine des sensations. Si le corps dans le roman proustien «pose problème», il y a deux raisons différentes à cela. D’une part, l’écrivain entoure la notion de l’inconscient d’un halo poétique qui cache – délibérément? – ses sources scientifiques. D’autre part, une certaine critique a voulu minimiser le rôle du corps: celle qui trouve que le positivisme proustien rend l’auteur moins «moderne», ainsi que celle, fondée sur la psychanalyse, qui ne reconnaît pas sa propre filiation avec la psychologie expérimentale et pour qui le corps proustien est alors source de gêne.
La démarche de Proust, fondée sur les théories du 19e siècle, ressemble-t-elle à une nouvelle épistémologie? Il vaut la peine en tout cas de se poser la question.
En dehors de nombreux articles, en particulier sur Proust et Beckett, il a publié «La Venise intérieure: Proust et la poétique de la traduction» (à la Baconnière, Neuchâtel, 1991) et «Proust et le moi divisé. La Recherche: creuset de la psychologie expérimentale (1874-1914) (Genève, Droz, 2006). Il va publier prochainement un essai sur les rapports entre Beckett et Descartes.
Martin Boisseau (Québec)
Par cette prise de parole, je voudrais mettre en triangulation certaines pratiques iconophiles de l’époque byzantine (gratter et manger «de» l’image), certaines pratiques artistiques plus contemporaines (autoréflexives) et une sculpture portable que j’ai fabriqué et que je porterais, au moment de ma présentation.2 Verbalement, j’essaierai de montrer que la tension entre image et matériau (entre image et matière imageante), si centrale en arts visuels, trouve certains équivalents dans le travail analytique. J’essaierai de faire entendre et de faire voir que la tension entre image et matériau (comme entre esprit et corps) est la condition de possibilité même de ce qui (osons calmement ces mots) permet le langage et la signification.
1 « Définition du Néo-traditionalisme », revue Art et Critique, 30 août 1890.
2 Il s’agit d’une structure motorisée et articulée, qui se porte comme un sac à dos.
Par son mouvement, ses lampes et ses liquides, elle peut évoquer un corps animé, sans peau.
Danielle Boutet (Rimouski)
la pratique artistique dans l’ensemble transdisciplinaire
Goethe insistera sur les différences entre la connaissance de l’artiste et celle du savant. Celui-ci procède par analyse : il divise la totalité en ses éléments constitutifs ; celui-là par synthèse : il saisit la totalité dans une intuition globale. […] Mais il s’agit bien dans l’un et l’autre cas de connaissance. (Goethe, Écrits sur l’art, Flammarion, 1996, p. 31.)
L’humain ne fait pas que diviser le monde en différentes disciplines et sujets d’intérêt, il l’appréhende via différents modes de connaissance : parmi ceux-ci, il y a le mode scientifique, le mode philosophique, des modes intuitifs, créateurs, herméneutiques, et d’autres encore. Cette présentation situera l’art comme un mode de connaissance à part entière, en l’associant avec les modes de type gnostiques, tels le sacré, l’alchimie et l’hermétisme. À la fois technique de soi (M. Foucault), mode de conscience et mode de connaissance transpersonnelle, la pratique artistique peut être une voie systématique d’exploration et de création de soi et du monde, de ce « Soi » jungien (S. Melanson), ce psychoïde (M. Cazenave), dont nous sommes chacun un microcosme unique.
En travaillant dans son atelier, l’artiste sait qu’elle pense et qu’il se passe quelque chose dans sa conscience concernant une certaine forme de voyance, des impressions de révélation… un sentiment de connaissance qui n’est pas la connaissance comme on l’entend dans la science, mais une autre forme, se présentant plutôt comme un sentiment de transparence, d’éclairement, de luminosité, comme une expérience de l’être.
Aude Couturier (Lille)
La pulsion, concept qui désigne les effets de conjonction du langage et du somatique, est toujours fonctionnelle chez l’être parlant, elle soutient le narcissisme fondamental, dit primaire. Cependant du fait de la jouissance phallique, la pratique discursive (imaginaire et symbolique) peut occulter le corps dans sa dimension d’éprouvé, infléchissant la fonction narcissique. Nos analysants nous en montrent souvent les signes.
Nous aurons à reprendre les différentes modalités de la subjectivation dans la fabrique de l’humain et nous demander en quoi le processus analytique peut mettre en jeu cette valeur du corps pour permettre au sujet de se soutenir d’autre chose que des identifications imaginaires ou idéales, et éviter que le désir ne se présente que sous les formes de l’insatisfaction ou le fantasme.
Nous avancerons que dans certaines pratiques, comme en fin d’une analyse, cette identification au corps au travers de l’éprouvé corporel (qui représente la pulsion) devient un appui pour le sujet qui ne s’y évanouit plus, donnant corps à la jouissance (d’existence).
Ses options lacanniennes l’ont liée depuis ses débuts au groupe de Dimpsy. Dans ce cadre elle a participé et parlé à de nombreux colloques et séminaires, avec ou sans Actes, et publié dans des revues professionnelles.
Elle travaille depuis un certain temps sur les modalités, ou le déploiement, des différents discours religieux (et la pensée orientale) dans la structure (du langage). Son hypothèse étant qu’elles nous enseignent, comme Freud a été enseigné par les névroses.
Pascale Devette (Ottawa)
« Comme acte fondateur, au moins pour la pensée moderne [au Québec] […] [i]l faudrait que l’on fasse de Lavigne un point tournant, le début de notre histoire philosophique moderne.3 ». Dans son oeuvre, Jacques Lavigne aborde la question du réel, compris comme une transcendance jamais totalement accessible. En analysant les rapports entre le corps et l’esprit, Lavigne conclu que la meilleure manière d’assumer son humanité est la posture de l’inquiétude, qui concorde avec l’avènement de la conscience de soi et du monde.
« [L’homme] est au delà du monde et ne peut vivre qu’en lui. Il a rompu avec le présent mais pour être livré au temps : à un avenir qu’il ne possèdera que pour le perdre. Il est présent à sa vie et sa vie le fuit. En découvrant le temps, l’homme a introduit un intervalle entre lui et lui, entre le monde qu’il a et le monde qu’il veut. Et cet intervalle il sent que rien au monde et de l’homme ne pourra le combler. L’inquiétude est la conscience de cette rupture. 4»
Pourtant, Lavigne remarque que le sujet, plutôt que de s’instituer dans l’inquiétude, s’englue dans ses affects et se coupe du réel. Lavigne tente alors de comprendre les mécanismes psychiques qui font en sorte d’écarter le sujet de l’inquiétude. Il déplace ce faisant son questionnement de l’inquiétude à l’objectivité, définie comme une capacité du sujet de comprendre et de se confronter authentiquement à la dureté du réel, avec toute la souffrance que cela peut impliquer. Pour élaborer son raisonnement, Lavigne se tourne vers la psychanalyse, qu’il conçoit et utilise comme langage symbolique 5.
Lavigne développe un concept qui vise à comprendre les rapports propres à la modernité et leurs effets sur le sujet. Ce concept, le « faux-féminin », est antérieur au complexe d’OEdipe et, selon Lavigne, le neutralise.
Dans la présente proposition, je chercherai à articuler le concept du « faux-féminin » et ses effets sur le corps et l’esprit. En effet, le système du « faux-féminin » tente de neutraliser, voire de rendre silencieux, les rapports entre le corps et l’esprit, de façon à placer le sujet dans une illusion de puissance qui, en réalité, entrave la progression de son autonomie.
3 André Baril, Entretien avec Marc Chabot, Combat, volume 7, numéro 1
Ghislain Devroede (Sherbrooke)
Par ce chemin parfois périlleux, toujours passionnant, il tente d’intégrer son amour de la recherche à sa recherche de l’amour.
Jacques Dufresne (Sherbrooke)
Le diagnostic
Je présume que vous avez comme moi décidé de rester humains. Le défi que nous avons à relever est à la fois enthousiasmant et désespérant. L’éducation, la psychologie, la morale, le travail, l’art de vivre, la vie quotidienne. nous devons tout repenser pour apprendre, en distinguant les racines nourricières des ficelles aliénantes, à faire les choix qui nous rapprocheront de notre fin.
Puisque je m’adresse à des psychanalystes dans le cadre d’un colloque ayant pour thème faire corps je réfléchirai avec vous sur la posthumanisation en tant que phénomène hystérique. M’inspirant de la caractérologie de Ludwig Klages, je dirai du phénomène hystérique qu’il est une forme de mimétisme, plus précisément «la réaction du besoin de représentation sur le sentiment de l’impuissance à vivre.» Je n’éprouve pas la volupté qui devrait normalement accompagner mes ébats amoureux, qu’importe, je mimerai en les exagérant les manifestations qui accompagnent normalement ces ébats. Ou encore, en mettant ma volonté au service de mes instincts, je multiplierai mon exploit, avec l’espoir que la quantité des opérations compensera la qualité désespérément absente de chacune.
Ainsi se crée, soutenu par le formalisme ambiant, un véritable climat hystérique qui marque la musique en particulier et la consommation en général. J’ai mon Ipad, je jouis donc de tous les plaisirs de la culture. La part de la représentation dans le plaisir augmentant constamment, et celle de la vie diminuant, vient un moment où l’extase du podium, qui est pure représentation, l’emporte sur l’extase cosmique ou mystique qui marque le sommet de la vie. Le culte de record, de la performance s’impose dans tous les domaines. Et puisque le plaisir est associé au succès final obtenu plutôt qu’à l’exercice lui-même, le recours à des drogues et des prothèses pour améliorer artificiellement la performance paraît souhaitable. L’impuissance à vivre peut devenir un mal si profond que le besoin de compenser par la représentation et les moyens techniques qui la renforcent est illimité. Le cyborg est le parfait hystérique.
Le record est le contraire de l’incarnation qui caractérise les plaisirs authentiquement humains. Dans l’incarnation l’esprit et la chair sont en symbiose. Dans le record, l’esprit s’applique de l’extérieur au corps devenu son instrument docile, sa chose, sa machine. Le rapport au corps s’apparente de plus en plus à celui du cosmonaute avec sa fusée. La domination d’une machine extérieure et celle d’un corps devenu machine se ressemblent de plus en plus, ce qui explique sans doute pourquoi dans ce contexte le conducteur de formule 1 jouisse d’un prestige particulier: il domine les deux machines à la fois.
À mesure qu’il se désincarne le plaisir humain se rapproche de ce qu’il sera chez le posthumain: simple enregistrement de données chiffrées correspondant à une performance et à un succès dans l’opinion publique: après avoir battu un record de vitesse on bat les records d’efficacité.
Les remèdes
Le premier L’Enfant-Machine du psychiatre Claude Allard a été publié en 1986. J’y trouve ce passage: «Les appels déchirants des enfants en mal d’être nous disent:«Je suis une machine, un robot!» Poussés par des émois inconscients particulièrement violents et mortifères, ils s’identifient aux mécaniques plutôt qu’aux humains qui les entourent. Chacun fut marqué dans son corps réel, imaginaire et symbolique par des événements précoces plus ou moins traumatisants, liés à un environnement dont les échanges étaient pathologiquement mécanisés. Ces aléas pathogènes se sont inscrits dans leur corps tout en marquant profondément leur histoire. Ce corps mécanisé était le seul recours face à la nécessité de survie, une tentative de reconstruction imaginaire, d’un corps perdu, d’un corps manqué, d’un corps morcelé.»
Après avoir commenté brièvement ces passages, je proposerai des remèdes concrets m’inspirant de ce que j’ai appris en observant les nombreux enfants qui sont initiés à la nature sur la ferme où nous vivons depuis quarante ans.
Jean-Marc Duru (Montréal)
Que l’acte suicide soit une tentative de restaurer une stase originaire homéostatique libérant le sujet de la jouissance insupportable issue d’une forclusion d’un Nom-du-Père, ou soit la ré-union à un Réel supposé comme Hypostase divine, il ne peut faire l’économie du sujet de son inscription dans un désir logé au champ de celui de l’Autre et de lui-même, tous deux étant marqués par la limite structurale.
Faire corps peut être un acte manqué au regard du signifiant du désir énoncé d’un lieu insaisissable loupant sa cible, quelque soit le type d’acte orchestré, Acting Out ou Passage à l’Acte.
L’Acte reste un paradoxe irréductible entre le dire et le désir laissant toujours le sujet autrement signifié au lieu de l’Autre que par le désir dont cet acte est issu, ce qui pose l’impossible rapport entre la vérité ultime du sujet et son savoir.
Faire corps peut être également une tentative de ré-union à un Réel supposé divin, hypostasié par le consentement du sujet à s’en remettre à son incomplétude signifiante, mais le laissant toujours exilé de ce qui fait de lui une hupo-stasis, le sujet « étant » ne pouvant, dans sa finitude, à la fois être ce qui se tient et en être le support, être et ek-sister, être le créateur et le créé.
L’alternative à un « Faire corps » autrement que dans un suicide qui tente de faire rejoindre le sujet à son être supposé, serait alors une inscription du sujet dans un signifiant lui restant singulier.
Sa singularité est qu’il s’inscrit comme désir « autrifié » par un Autre où le sujet accepte, par une supposition de savoir qu’il lui confère, une transcendance de l’incomplétude se spécifiant d’une non réponse quant à l’ultime de son désir de co-naître la cause à jamais in-sue de son être.
La stabilisation de cette incomplétude à laquelle le sujet consent reviendrait alors au sinthome, dont le rôle de suppléance de nomination du sujet réinscrirait celui-ci dans une jouissance autre restant toujours indicible autrement que par son expérience singulière.
Jean-Marc Duru est psychologue et psychanalyste. Il exerce à Montréal
R. Bruce Elder (Toronto)
Marie-Michèle Jaouich (Montréal)
Le chirurgien, ce Sauveur, qui offre un sursis de 15 à 25 ans après les pontages devient ce Grand Autre qui chasse les limites. Il devient ce grand Autre maternel, qui donne la vie et arrive à jouir du corps de ses patients. Il devient le Maître. Le sujet opéré ne semble plus reconnaître les règles du jeu, il est hors jeu. Il ne lui reste plus qu’une qualité « s’opposer ». Il n’est plus ni sujet, ni objet ; d’autant plus que selon les procédures médicales du Québec, il ne reverra plus son chirurgien six mois après son intervention chirurgicale.
Le patient sera dirigé vers un cardiologue qui assurera le suivi et ajustera les prescriptions des médicaments. Une mère qui le met au monde mais qui le laisse à son sort. Quels clivages et quels dénis sont instaurés dès lors ?
Je développerais cette réflexion, ou ce constat à partir des références suivantes qui m’ont amenées à élaborer sur cette jouissance intraitable qui envahit le sujet, cette désintrication pulsionnelle qui le met face à face avec la pulsion de mort.
Marie-Michèle Jaouich est psychologue et psychanalyste. Elle exerce à Montréal.
Karim Jbeili (Montréal)
grandeur et décadence du mythe de la certitude
Il s’agit dans un premier temps de sortir de la fascination qu’exerce sur nous la modernité sans nécessairement la rejeter.Son caractère néfaste vient le plus souvent de ce qu’elle se présente comme unique et salvatrice. Dans un deuxième temps, je crois qu’il faut s’offrir l’espoir que les épistémologies qui dépendent de l’incertitude, et qui sont donc pré modernes ou post modernes, puissent nous révéler des choses tout à fait surprenantes.Elles nous révèlent déjà des choses surprenantes.L’espoir n’est pas là.L’espoir serait plutôt que ces choses surprenantes soient enfin accessibles à notre compréhension.Il nous faut, en somme créer une épistémologie non moderne dans laquelle ces choses surprenantes ne le seraient plus.
Il nous reste des choses fascinantes à découvrir en MQ, en médecine psychosomatique, en psychanalyse, en sciences de la terre, en anthropologie et j’en passe.Il importe que ces choses nous les découvrions dans la transdisciplinarité parce que le but n’est pas seulement de découvrir ces choses mais surtout d’inventer l’épistémologie propre à les accueillir et à les rendre naturelles ou normales.C’est dans cette perspective que ce colloque est particulièrement pertinent.
Karim Jbeili est né en Égypte. Les guerres et les révolutions qui ont embrasé la région l’ont amené à vivre successivement au Liban, en France et, enfin, au Canada, où il a réussi à s’établir, depuis bientôt 35 ans.
- De la bienveillance à la paranoïa dans le Coq Héron 2010
- Anthropologie du geste de Bouazizi, publié sur le site Kapitalis
- Regard du siècle, siècle du regard, publié sur calame.ca
Wadad Kochen Zebib (Paris)
Si le tragique dont nous parlons a pu se saisir par le repérage de ces 2 émergences de la langue :L’intraduisible et le rythmique , ce saisissement est né dans un lieu propre au psychanalyste confronté à la matérialité d’un transfert particulier marqué par ce qu’on appelle « la communication primitive ».
Les temps marqués par l’accueil, l’accord (comme en Danse entre rythme et corps) et l’entente avant l’écoute de la langue, amènent à nous exposer, non sans risque, à la destructivité longtemps dirigée silencieusement vers soi-même.
Nous parlerons d’une clinique spécifique celle qui concerne les sujets souffrant d’un excès de corps – obésité selon les termes médicaux se déclinant en surcharge pondérale ou morbide. Quel est l’impact des discours médico politiques qui font la promotion chez l’homme et surtout la femme du corps formaté selon l’indice de masse corporelle (IMC) ? Discours distillé selon la formule condensé par la Culture de Consommation publicitaire et médiatique, outil de propagande politique, allié avec le « soin » médical : « Sois mince et mange » que reçoivent certaines femmes, à la lettre –du corps- en mangeant et vomissant. Les dites « boulimiques ».
Le Faire (entre langage et présence) avec un sujet mutique, débordé par son corps qui le mutile dans son être, nous amène à une rencontre de sa modalité d’existence qui échappe à l’emprise du discours du Pouvoir et du Savoir. Ce sujet nous conduit à la découverte d’un intime ignoré de lui-même.
Mon expérience clinique qui dure depuis plus d’une décennie, dans un hôpital public de la banlieue parisienne, me permettra de vous proposer un cas clinique (si j’ai le temps) à propos d’une femme ayant traversé tous les trajets recommandés par ce circuit médico-politique et qui m’apprit le verbe psychoter.
psychologue clinicienne psychanalyste, exerce à Paris et île de France (93)Travaille les questions relatives au corps (cancéreux, obèse) la danse, l’exil, le déni et son
meurtre invisible, l’écriture du Trauma.
Engagée dans un travail d’accueil thérapeutique auprès des
malades cancéreux au Centre Psychisme et Cancer durant une décennie.
Publications d’articles dans les revues le Coq Héron,
Intersigne, Nouvelle revue d’Ethnopsychiatrie, chez l’Harmattan, et bientôt
(fin 2011) aux Presses de l’université de Laval -PUL « Là où se réfugient
les lignes d’erre ».
Louise Lambrichs (Paris)
Dans une perspective à la
fois épistémologique et historique, je proposerai un exposé sur les
multiples questions soulevées par la technique du clonage en montrant les
possibilités nouvelles qu’offre la technique, les problèmes médicaux et éthiques
qu’elle soulève, les théories imaginaires auxquelles cette découverte
scientifique a donné lieu, la façon dont ces théories imaginaires
reprennent d’anciens schémas (par exemple, la théorie de la génération
d’Aristote), etc.
Ce sujet intéresse les psychanalystes, puisqu’il touche aux
questions de la génération, des pratiques, du secret, du dire sur
l’origine, de la filiation, de la transmission, etc. Mais il concerne aussi
les chercheurs voire tous les citoyens puisqu’il soulève des questions de
société et interroge finalement notre aptitude à penser ce qui est
nouveau, voire inédit, dans l’histoire.
ès Lettres. Elle a publié plusieurs romans, dont A ton image (Seuil, 1998), roman noir
mettant en scène et en jeu les enjeux inconscients liés au clonage humain, et
plusieurs essais d’épistémologie médicale et historique, en rapport avec la
clinique psychanalytique (en particulier Nous ne verrons jamais Vukovar, Philippe Rey, 2005, où elle
propose une interprétation inédite, transdisciplinaire, éclairant le mécanisme
de répétition génocidaire dans l’espace ex-yougoslave).
René Lew (Paris)
• médecin, psychiatre, ancien
interne des Hôpitaux psychiatriques de la Région parisienne, ancien praticien
hospitalier à l’Hôpital Esquirol, pour lequel il a travaillé uniquement en
psychanalyste à la Consultation de psychanalyse du XIème arrondissement de
Paris créée en 1987 (au Centre médico-psychologique du XIème arrondissement où
René Lew travaille depuis 1971) ; persiste à y travailler comme
attaché ;
• ancien médecin directeur du
Centre médico-psychopédagogique d’Ivry-sur –Seine (Val-de-Marne) où il a
travaillé en psychanalyste de 1975 à 2011 ;
• médecin directeur des CMPP de
Montgeron-Crosne et de Vigneux-sur-Seine (Essonne),
• président de l’association de
la Lysimaque depuis sa création en 1982, il dirige les Cahiers de lectures
freudiennes, la lettre de
Topologie, l’Anatife ;
• a participé aux activités de
l’École freudienne de Paris, membre de l’École de la Cause freudienne depuis la
création de celle-ci en 1982 à sa démission en 1991, membre de Dimensions freudiennes
le temps d’existence de cette association, membre de Dimensions de la
psychanalyse (association adhérente à Convergencia, Mouvement lacanien pour la
psychanalyse freudienne) depuis sa création en 1994 ;
• participe à de multiples
colloques, à des activités d’enseignement (Hôpital Esquirol, Université Lille
III…), multiples publications.
René Naba (Paris)
Publications
• Livre : Guerre des ondes, guerres des religions (1998)
• Livre : Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre (1999)
• Livre : Du Bougnoule au Sauvageon, Voyage dans l’imaginaire français (2002
• Livre : Aux origines de la tragédie arabe (2006)
• Livre : Liban, Chroniques d’un pays en sursis (2007)
• Livre : Libye, la révolution comme alibi (2008)
• Livre : De notre Envoyé Spécial, un correspondant sur le théâtre du monde (2009)
• Livre : Hariri, de père en fils, Hommes d’affaires et premiers ministres (2011)
• Livre : Kadhafi : Portrait Total (2011)
• Livre : Les révolutions arabes & la malédiction de Camp David (2011)
Basarab Nicolescu (Paris, Roumanie)
La triple révolution qui a traversé le 20e siècle – la révolution quantique, la révolution biologique et la révolution informatique – a changé en profondeur notre vision de la réalité. Dans cette conférence, je fais mienne l’affirmation de Wolfgang Pauli, Prix Nobel de Physique et un des fondateurs de la mécanique quantique: » […] la formulation d’une nouvelle idée de réalité est la tâche la plus importante et la plus ardue de notre temps. » Le concept crucial de la nouvelle vision du monde est celle de « niveaux de réalité ».
Bibliographie :Basarab Nicolescu, Qu’est-ce que la Réalité ?, Liber, Montréal, 2009.
Annick Passelande (Montréal)
Qu’est-ce qui cimente une communauté ? Qu’est-ce qui la rend vivante ? Est-ce la même chose? D’où tenons-nous que nous sommes des semblables ? Si ce n’est parce que nous traitons chacun un réel qui nous est extérieur (hors-corps), étranger. C’est du moins ce que l’expérience analytique enseigne.
Je partirai de ce qui dans la psychanalyse fait notre communauté de travail, celle de l’analysant et de l’analyste, elle s’oriente d’une place vide, d’un réel. Puis, je tenterai d’interroger ce qui de cette expérience peut se déduire pour imaginer d’autres formes communes de travail qui soient congruentes avec l’expérience analytique.
Psychanalyste, membre de l’APJL
Co-fondatrice et membre du Pont Freudien à Montréal jusqu’en 2006
Dernier article paru : « La psychanalyse au Canada, vue du Québec », paru dans PSYCHANALYSE n.10.
Séminaire mensuel en cours à Montréal : « Qu’est-ce que sait un psychanalyste ? »
Michel Peterson (Montréal)
Christian Roy (Montréal)
Christian Roy est historien de la culture (Ph.D. McGill 1993), traducteur, critique d’art et de cinéma.
Il est l’auteur de Traditional Festivals. A Multicultural Encyclopedia (ABC-Clio, 2005) et de nombreux articles scientifiques, surtout sur les courants de pensée personnalistes. Il mène des études théologiques à l’Université de Sherbrooke, tout en s’occupant d’écologie urbaine à Montréal.
Marc Ruellan (Paris)
Dans Totem et tabou, Freud a repris de Goethe la version corrigée par la méditation du docteur Faust : cette première phrase si connue de l’évangéliste Jean ; Au commencement était l’action. Faust en fait le maître mot de la collaboration avec Méphistophélès, dans l’orgie d’action qui aboutira à l’apocalypse flamboyant de tous les biens de Faust. Cette phrase est la conclusion de Freud dans Totem et tabou ; pour lui, c’est l’apanage de l’homme primitif.
Plusieurs scientifiques actuels ont repris cette phrase comme argument voire comme pavillon de leur recherche scientifique ; parmi eux Alain Berthoz et Jean-Paul Auffray. Ce dernier, dans un conte symbolique, présente l’énergie au monde moderne. Sa lecture laisse apparaître une bien curieuse évolution, qui a commencé il y a plus de deux millénaires et demi, et qui nous pose la question de savoir si la Science, avec son origine grecque et son surgissement dans sa forme actuelle en Occident, c’est-à-dire après les lumières, a pu renoncer à l’ubris, la démesure. Une relecture du conte de Jean-Paul Auffray, mais aussi des affirmations d’Alain Berthoz sur la spécificité de l’action des personnes autistes, permettent d’approcher ce que le champ analytique repère comme défaut de castration symbolique. Les débats philosophiques de grands scientifiques de la fin du XIX° et du début du XX° siècle, qui semblent moins que jamais enterrés aujourd’hui, nous feront évoquer une figure de l’homme moderne. En regardant ce que Lacan a produit comme discours de la Science, nous remarquerons une confusion de l’impossible avec l’impuissance, qui évacue l’impuissance comme telle. La castration symbolique est-elle encore possible ? L’analyse peut-elle y renoncer ? Quel dialogue avec la Science ?
Alain Simon (Paris)
Il s’agit de rendre compte des faits socio-culturels, au bout le plus chargé de sens d’un axe entropique -que l’on se définira précisément- comme de l’approche quantique en physique théorique, à l’autre bout de la chaine explicative. Ceci donne un sens plus actuel, à l’opposition entre liberté individuelle et émergence d’une identité culturelle.
Juste une piste : l’individu n’est pas l’élément primitif du modèle, ce dernier ne prenant en compte que les «échanges» ou transactions repérables entre deux paradigmes génériques «Je» et «Autre».
Au niveau épistémologique; l’intérêt de l’utilisation d’un modèle de forme fractale est d’offrir une solution de continuité entre un discours « qualitatif », chargé de sens (humaine et supra), et une mesure « quantitative » de l’activité organisée (humaine ou infra); tout en restant enraciné dans ce que la pensée sauvage a de plus durable en nous: classer par dichotomie (la première de toutes, la dichotomie générative essentielle étant l’opposition Je/Autre)
Alain Vidal (Montpellier)
Le développement de nos sociétés au XXème siècle a fait passer notre ecosystème planétaire de l’holocène, période relativement stable, à l’antropocène où les changements planétaires sont fortement influencés par l’homme. Plusieurs de nos « limites planétaires », toutes interconnectées (CO2, ressources en eau, cycle de l’azote, biodiversité, etc.) ont d’ores et déjà été dépassées, ou le seront dans les prochaines décennies. Faut-il revoir nos modes de consommation et axer nos comportements et nos politiques sur la préservation de nos écosystèmes ? Faut-il croire aux promesses des innovations technologiques qui nous permettraient de trouver un nouvel équilibre au-delà de ces limites ? Ce sont deux visions du monde qui s’opposent en apparence.
Fort heureusement, le concept de résilience socio-écologique permet de réconcilier ces deux visions et d’imaginer localement des solutions permettant d’optimiser les bénéfices qu’une société humaine peut obtenir des écosystèmes : eau, agriculture, élevage, pêche, énergie, tourisme, patrimoine… Nous revisiterons quelques cas d’écosystèmes et de sociétés pourtant les plus vulnérables de pays en développement, qui illustrent le rôle important des autochtones dont la subjectivité « dit » l’eau et la terre mieux que quiconque. Puis nous tenterons de dégager quelques principes pour que notre société puisse poursuivre un développement harmonieux entre Nord et Sud, tout en « faisant corps » avec l’écosystème planétaire.
est le Directeur du Challenge Program sur l’Eau et la Sécurité Alimentaire du GCRAI (Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale), un programme de recherche international qui vise à améliorer la sécurité alimentaire dans les pays en développement par une meilleure gestion de l’eau et des écosystèmes. Ingénieur agronome AgroParisTech et bioclimatologue, docteur en sciences de l’eau de l’Université de Montpellier, Alain Vidal a débuté sa carrière au Maroc en 1986,puis comme chercheur au sein du Cemagref, l’Institut français de Recherches en Sciences et en Technologies pour l’Environnement. Il a ensuite travaillé à la FAO sur l’innovation et le transfert de technologie dans le domaine de l’eau pour l’agriculture, pour revenir au Cemagref de 2003 à 2009 comme directeur des relations internationales. Il est auteur ou co-auteurs de plus de 45 articles scientifiques et éditeur de 5 ouvrages.
Pascale Vidal (Montpellier)
Un corps ne fonctionne pas sans cœur:
Une consultation conjointe pédiatre – psychanalyste
Soigner le corps efficacement ne peut se faire sans l’écoute du cœur. Ne sachant jamais jusqu’où va l’intrication, et encore moins qui est la poule et qui est l’œuf, le soin voire la guérison peut s’avérer un chemin aventureux. Qu’il s’agisse de maladies chroniques ou d’affections aigües, le psychologue peut avoir une parole libérante dans un espace où le médecin fait son travail. Sera présentée le fonctionnement de l’une des rares consultation conjointe pédiatre-psychanalyste en France.
Jean-Michel Wissmer (Genève)
On tentera d’en comprendre les raisons (sensibilité écologique ; retour à l’innocence ?).Spyri était la fille d’un médecin, chirurgien et psychiatre, et d’une mère, poétesse mystique issue du mouvement piétiste. Tout son entourage social et familial est profondément marqué par ces composantes qui sont aussi celles de son fameux roman. Elles sont illustrées par le personnage de Clara, la petite fille handicapée, Peter, le simplet, et par Heidi elle-même qui communique avec Dieu à travers la nature et la prière. Cette dernière, orpheline exilée à Francfort (coupure douloureuse entre le refuge alpin et la prison de la ville), est par ailleurs victime du « Heimweh », le mal du pays, un mal psychosomatique considéré comme typiquement suisse et étudié comme tel par de nombreux chercheurs de l’époque. L’enfant, devenue somnambule, doit pour survivre revenir dans ses montagnes afin de voir à nouveau réunis son corps et son esprit. Ce mythe de l’identité incorpore-t-il, paradoxalement peut-être, des éléments dont il faut tenir compte lorsque l’on aborde la question d’une nouvelle épistémologie ?
Parmi ses nombreuses publications sur le sujet, citons « Las Sombras de lo fingido – Sacrificio y simulacro en Sor Juana Inés de la Cruz » (Instituto Mexiquense de Cultura, Toluca, 1998) et « La Religieuse mexicaine » (éd. Metropolis, Genève, 2000).