J’accuse un certain étonnement
J’accuse un certain étonnement
Soixante ans après, il y a vraiment de quoi s’étonner. On n’a toujours pas compris le problème israélo-arabe. Pourtant, les choses sont simples, voire même, élémentaires. Le roi est nu depuis toujours. Israël est un état dont le fondement est la discrimination ethnique et religieuse. C’est dans ses statuts.
Les Arabes, pour se défendre, ont abordé Israël en tant qu’occupant et non en tant qu’occupant raciste et discriminant. Ce fut une erreur de leur part de ne pas mettre en valeur cet aspect si important dans leur lutte. S’apercevant combien le racisme israélien était valorisé par l’Occident, un certain nombre d’entre eux se sont plutôt laissé emporter, par identification, dans un racisme comparable mais, cette fois, musulman.
Aujourd’hui, la supposée Grande Guerre des civilisations est simplement le résultat d’une erreur commise par l’Occident en 1947, dans un moment de grande émotion certes, mais ça n’excuse rien, qui fut de créer un état raciste de toutes pièces au nom de la communauté des nations et de le soutenir malgré toutes les résistances qu’il rencontrait. Les tensions, les guerres incessantes qu’il a provoquées, comme un bandit mafieux qui veut marquer son territoire, ont eu pour résultat de répandre ce racisme dans toute la zone islamique. Tous les nationalismes religieux sont l’effet de ce microbe israélien. Les Juifs, les Sunnites, les Chiites, les Druzes, les Maronites et d’autres se bousculent au portillon pour affirmer une identité factice qu’ils ignoraient totalement jusque-là. Les intégrismes ne sont que les répliques du tremblement de terre israélien.
Les Occidentaux, plus particulièrement les intellectuels, n’ont jamais voulu percevoir le caractère raciste de l’état d’Israël et n’ont jamais voulu faire le rapprochement, pourtant évident, entre ce racisme et le racisme en retour de l’intégrisme musulman. Ils n’ont jamais voulu voir qu’en créant Israël, l’Occident avait aussi créé, à quelques années près, son vis-à-vis, l’intégrisme musulman. Israël est le miroir des fautes de l’Occident et de ses erreurs lorsqu’il a voulu les expier. Les intégrismes musulmans sont aussi le reflet de l’Occident. Celui-ci les a créés pour lui-même, pour se battre contre lui-même, contre la terreur que lui inspire son impensé, son inconscient.
Les quelques intellectuels occidentaux qui se sont élevés contre cette mascarade ont été accusés d’antisémitisme et ont dû se taire. Aujourd’hui, seule prévaut une doxa qui insulte tous les jours l’intelligence et qui exige de reconnaître l’existence d’Israël en refusant de voir son caractère raciste. Des guerres incessantes ont eu lieu et vont continuer de brûler l’Orient et qui sait, peut-être, aussi l’Occident. Ben Laden est le fils de l’Occident, non pas tant parce que ses troupes ont été financées par la CIA durant la guerre de résistance à l’invasion soviétique, mais parce qu’il est la plante issue du germe raciste et colonial qu’on a planté en Palestine.
J’accuse les Occidentaux, et surtout les intellectuels occidentaux, d’être incapables de comprendre ce mécanisme profond qui les a fait semer la violence, le racisme et le colonialisme en terre d’Orient après l’avoir intensément vécu durant les deux grandes guerres du XX° siècle. Les Occidentaux ne se comprennent plus eux-mêmes. La machine mentale occidentale est déficiente; comme elle a inventé Israël et son écho, l’intégrisme islamique, elle a aussi inventé les Noirs, les femmes, les homosexuels, les handicapés, les persécutés etc. Elle sème les identités comme elle briserait une vitre en millions de morceaux. Chacun se retrouvant seul sur son îlot identitaire, excluant tous les autres et exclu par eux.
Cette logique indéfiniment morcelante ne paraît pas avoir de fin, tant on semble en avoir perdu le contrôle. Mêmes les éléphants, les phoques et les scarabées ont désormais une identité d’espèce menacée. Les intellectuels occidentaux doivent se brancher sur les fondements de leurs mécanismes mentaux et essayer de contrôler cette dérive au lieu de se laisser porter par la fierté d’être occidental et le triomphalisme technologique ou de se laisser bâillonner par la doxa coloniale sioniste.
Je ne sais pas, hélas, quel sauveur il faut réveiller, ce qui est sûr, cependant, c’est que l’Occident est devenu fou.
Karim jbeili
7 septembre 2008