XX° congrès de l'Association Internationale d'Études Médico Psychologiques et Religieuses

Et la chair s'est faite verbe

du 4 au 7 juillet 2016 à Montréal

Et la chair s'est faite Verbe

Les espaces de recherche que nous nous proposons d’explorer constituent un point aveugle de la pensée occidentale.  Il s’agit d’espaces qui, situés à la jointure du corps et de l’esprit, se retrouvent refoulés dans l’indicible par la scission cartésienne.  

Un certain nombre de questions surgissent pourtant dès que l’on commence à se déprendre de ce carcan.  La chair se donne-t-elle à lire? Ou seulement à dévorer?  La chair se donne-t-elle à entendre? Ou uniquement à arraisonner?  Est-elle matière à surprendre? Ou à domestiquer?

Parmi les espaces où de tels questionnements se font jour, on peut déjà discerner, entre corps et esprit,

  • le corps souffrant ou douloureux de la psychosomatique;

  • tous les symptômes fonctionnels qui s’adressent au médecin; qu’il peut accueillir, entendre ou alors, traiter;

  • le corps du nourrisson que décrypte Françoise Dolto.  Il comprend tout ce qu’on lui dit avec des mots, mais s’exprime avec des signifiants rudimentaires : l’anorexie, la diarrhée, l’urticaire, etc.;

  • la problématique complexe des objets partiels qui font du sens avec de la matière, avant que le phallus ne vienne les subsumer;

  • le rêve et le cinéma qui façonnent des courtepointes avec des tranches de vie;

  • la musique, le chant, la danse, la prière, les humeurs du corps, la gastronomie, la parfumerie et, last but not least, l’art;

  • les objets qui attendent de pouvoir changer de main, que ce soit sous la forme du don ou le couvert de la marchandise;

  • les groupes communautaires, structurés par des systèmes symboliques, sérieusement mis à mal et frappés de discrédit par les nations au cours du XXème siècle;

  • les populations autochtones qui peinent à maintenir leurs conditions de (sur)vie devant la violence de ceux qui les écartent pour mieux exploiter leurs ressources;

  • les animaux qui tissent un lien entre leur code génétique et le milieu ambiant, mais meurent de perdre partout leur niche écologique.

 

Bref, les espaces en question comprennent tout ce qui permet à la matière de vivre, d’être lue ou bien, à l’inverse, d’être broyée pour en tirer le jus.

Peut-être sera-t-il possible dans un ou plusieurs de ces cas de figure, d’identifier comment l’esprit se dégage de la chair, comment la valeur émerge de l’utile, comment le politique se dégage du communautaire, comment la parole ou le geste parviennent à vaincre l’inertie du corps.